“Egomaniac”
Le nouvel album de Jaguarr Gorgone aka JoeyStarr sortira à la fin du mois (31/10).
Je l'ai écouté et j'ai eu la chance de l'interviewer dans le cadre de mon job.
Le disque est intitulé « Egomaniac » car l’artiste, définitivement "extrême" au sens littéral du terme, semble souvent rempli de « doutes vertigineux » comme il me l'expliquait, cette sensation justifiant son opposé : l'"Egomaniaquerie" !
Avec une pochette –non ce n’est pas lui, mais son fils- prise spontanément dans sa cuisine : n’y voyait aucune référence au ‘Illmatic’ de Nas,’ Ready to die’ de Biggie ou au dernier Lil’Wayne, la 'face sombre de NTM' a conçu un disque plutôt oldschool. Et bien foutu.
Fini les nappes de synthés et beat synthétiques trop contemporains, ‘kool-shenien’ et clichés du 1er album. Cette fois, place à des boucles de vrais instruments, des morceaux avec couplets/refrains bien pensés et agencés et un mix émotion/punch parfaitement contrôlé.
Le rappeur le plus célèbre de France rend hommage au rap oldschool des Public Enemy dans l’instru ‘Egomaniac’, se prend pour un Beastie Boys version 1988 dans ‘Dans mon secteur’ (voix lointaine & nasillarde) et ne cesse de parsemer le disque d’interludes rigolotes et de références à NTM (« back dans les backs », « ma benz » reprise sur une mesure dans On ’n‘On, etc…).
Comme dans le 1er disque solo, Joey tente le morceau délire à la ‘Carnival’. Le titre s’intitule cette fois ‘Faut s’lever », et, plus qu’une farce, on a l’impression d’un réel dessin animé couché sur bande sonore.
L’humour ne manque pas dans ce disque d’ailleurs, et Doc Gyneco, décris et mis en scène une fois de plus comme le clown de service, en prend savamment pour son grade dans On ‘n’ On. Comble du comble : Le refrain de ‘Viens voir le docteur’ est même repris à la sauce Morville ! Comme quoi, les plus vieux ennemis du rap français réussissent malgré tout à apparaître d’une manière détourné sur le même disque, ensemble.
Entre morceaux graves (‘Complexe’ : analyse du mal des jeunes de cités, ballade mid tempo / 'Mon rôle' avec Oxmo) et relents du 'bloc' (« Champagne », « je paie pas »), Joey Starr reussit le tour de force de nous émouvoir avec le faussement ringard ‘Mamie Blue’, avec Nicoletta en featuring (si, si !), qui nous parle avec fatalité et sincérité du rôle de sa mère et de sa non-maturité assumé et expliquée…(« je
risque de finir seul avec mon putain d’égoïsme »). On y croit et le morceaux est troublant d’émotion.
Enfin, le sommet de l’album réside d’après moi dans la piste 3 : « Hip Hop », superbe morceau « à la NTM », à la boucle et au refrain imparable («
Le hip hop il est où ? où là ? Pas ailleurs ! ») , au flow varié et tranchant et au climat sidérant de réalisme. On ne s’en lasse pas. C'est poisseux et ça transpire le hip hop, comme dans un bon vieux Cypress Hill, bien noir !
Bref, Il est enfin arrivé ce disque solo du Jaguarr, qui tient toutes ses promesses.
Spark.
tracklist :
1. Underground up
2. Jour de sortie
3. Hip Hop feat Degom
4. Dans mon secteur
5. Interlude : Appel à la Résistance (Olivier Besancenot)
6. On te voit
7. On N On feat Nathy
8. Complexe
9. Faut s’lever
10. Interlude : I got Kimfu on my track
11. Mon rôle feat Oxmo Puccino
12. Mamy feat Nicoletta
13. Champagne
14. Affamé
15. Je paie pas feat Fdy Phenomen
16. Interlude : Egomaniac
17. Jour de sortie (remix) feat DJ Kimfu
DJ CutKiller & JoeyStarr - interview dans le 17éme, Paris - 12 octobre 2011 - photo copyright AD